/image%2F0666642%2F20230503%2Fob_2e4188_oip.jpg)
Les appareils de pressothérapie sont maintenant en vente libre sur certains sites de vente en ligne, ils sont utilisés de façon courante dans les instituts de beauté et les centres de mise en forme et de « bien-être ».
Depuis un demi-siècle, nous avons donc pu observer une grande évolution dans l’utilisation de ces appareils.
Il y a un demi-siècle, la pressothérapie était pratiquée sous surveillance médicale et interdite, entre autres, aux kinésithérapeutes dans leurs cabinets. Qu’est-ce qui justifiait cette limitation à son usage ?
La première raison est que les appareils étaient conçus différemment : les bottes étaient constituées d’un seul module, et se gonflaient d’une façon uniforme du pied au plis de l’aine. Si la personne avait de grosses cuisses, on avait donc un garrot qui se constituait à ce niveau et la pression sur le reste du membre n’intervenant qu’après, il en résultait parfois d’importants hématomes dus à la surpression sur des veines qui se trouvaient avant le garrot.
L’autre raison était qu’avant toute séance de pressothérapie, on prenait la tension artérielle du patient car la pressothérapie est contrindiquée en cas d’hypertension avec un risque de rupture d’anévrysme. La prise de tension étant alors considérée comme un acte médical, seuls les médecins avaient donc le pouvoir de décider si la séance était envisageable ou non.
Dans les années 1980, un nouveau type d’appareil est arrivé sur le marché : la pressothérapie étagée. Ces nouveaux appareils avaient des bottes constituées de plusieurs modules qui se gonflent les uns après les autres, en partant du pied pour arriver progressivement à la cuisse : le risque de surpression était donc diminué. La prise de tension n’était plus obligatoire mais seulement conseillée, et tous les professionnels paramédicaux avaient la possibilité de prendre la tension pour pouvoir éventuellement suivre les patients et aiguiller les hypertendus chez un médecin. La prise de tension n’était plus considérée comme un acte médical réservé aux seuls médecins, elle était autorisée aux paramédicaux. Depuis les années 1990, les patients eux même se sont équipés d’appareils pour suivre leur tension artérielle, et peuvent consulter le cas échéant leur médecin en cas de tension trop élevée.
Cependant, petit à petit, avec la multiplication des ventes des appareils de pressothérapie, on a « oublié » ce risque éventuel et plus personne ne respecte cette mesure de prudence élémentaire que constitue la prise de tension avant chaque séance.
Principe d’action de la pressothérapie.
La pressothérapie est utilisée dans les cas de stase veineuse remplace souvent le massage circulatoire des membres inférieurs. Le résultat visuel est spectaculaire et la diminution des œdèmes des membres inférieurs est très rapide à obtenir et, ce qui ne gâche rien, c’est un soin « mains libres » qui permet de recevoir deux personnes en même temps donc d’augmenter les recettes sans trop de temps utilisé.
Nous voyons donc qu’au premier abord, l’utilisation de ces appareils semble être un plus non négligeable à la fois au niveau du soin et au niveau des finances dans un institut.
Attention : tout n’est pas aussi évident.
Concernant la circulation de retour veineux, ce n’est pas aussi schématique. Les études menées ces dernières années sur le massage circulatoire des membres inférieurs montrent que les pressions glissées profondes, largement utilisées dans ce type de soin, sont loin de tenir leurs promesses et peuvent même souvent malmener les veines profondes au niveau musculaire. Ainsi, il est fortement conseillé aux kinésithérapeutes de préférer les pétrissages et, ce qui semble encore plus efficace, de ne pas masser mais de faire travailler les muscles ce qui donne de meilleurs résultats ! En effet, quand le muscle travaille, il se gonfle, il augmente la pression locale vu que le muscle est limité dans son expansion par les aponévroses et on obtient une nette augmentation du volume de sang mobilisé tout en respectant la physiologie de la circulation veineuse et artérielle.
L’autre problème que l’on a eu tendance à oublier en se focalisant sur le retour veineux, c’est que la circulation artérielle est, elle aussi, impactée par la pressothérapie et cette circulation artérielle se fait dans le sens inverse de la circulation veineuse ! Si l’exercice physique favorise aussi bien la circulation veineuse que la circulation artérielle, ce n’est pas le cas de la pressothérapie et du massage circulatoire.
En conclusion, je dirais qu’on a un appareil séduisant, facile d’utilisation et qui donne un résultat spectaculaire à l’œil nu. Un appareil qui plaît à la clientèle, mais qui présente aussi pas mal d’inconvénients. Le résultat obtenu n’est pas durable : c’est le principe de l’éponge qu’on presse mais qui va se gorger à nouveau d’eau dès qu’elle pourra en trouver. Une bonne marche aura une action plus durable et plus générale sur tout l’organisme sans aucun risque secondaire. J’ai eu ce genre d’appareil pendant des années en tant que kiné puis esthéticien, mais avec le recul je pense qu’aujourd’hui, j’investirais plutôt dans un tapis de marche pour les personnes qui ont besoin de se sentir encadrées (et n’ont pas l’envie ou le courage d’aller chaque jour marcher un moment !). Parmi cette clientèle, nous retrouverons les sportifs en salle qui prennent systématiquement les escalators ou l’ascenseur quand il y en a un, ou la personne qui vient en voiture à la salle de sport pour faire du vélo d’appartement et marcher sur un tapis électrique.
Ce qui me semble également gênant, c’est qu’une fois encore en pratique du « bien-être », on peut soulager des douleurs, apporter un confort qui risque de cacher pour un moment un véritable problème sous-jacent et donc retarder un diagnostic médical. Cela peut donc entraîner une perte de temps que l’on pourrait éviter pour enclencher un soin qui résoudrait le problème : on agit ainsi sur l’aspect visible en ignorant potentiellement son origine.