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  • : le blog lepapouilleur par : Michel
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3 mai 2016 2 03 /05 /mai /2016 12:49

Depuis plus de deux ans, je traîne sur les forums d’esthétique de Facebook. A la fois en tant que vieux professionnel que je suis et en tant qu’ancien professeur, je suis très souvent sidéré par ce que j’y lis.

Notre profession, comme beaucoup de métiers de l’artisanat, demande une grande part de créativité, d’invention, d’innovation. Mais elle demande aussi un respect rigoureux de certaines règles liées à l’hygiène de base, à l’anatomie de l’être humain, aux pathologies parfois rencontrées.

On doit donc sans cesse se renouveler, être à la pointe de la mode, offrir la beauté et le bien être à la clientèle mais on doit aussi ne jamais oublier qu’on travaille sur la peau, la circulation et les muscles de la personne et qu’il y a des règles à respecter. Un maçon qui construirait la plus belle maison qui soit sur du sable mouvant verrait très vite l’édifice disparaitre. Une esthéticienne qui fait des ongles sans respect de l’hygiène élémentaire voit tout aussi rapidement son œuvre bouffée par une mycose ou une bactérie et quand elle fait du celluM6 sur une peau relâchée elle ne peut s’attendre qu’à une catastrophe.

On n’apprend pas aux élèves la physiologie, l’anatomie, la pathologie et le respect de l’hygiène juste pour les embêter mais dans notre profession c’est souvent la base de la réussite de notre travail. On voit très souvent des épilations faites « à l’arrache », sans désinfection de la peau avant et après l’épilation ce qui a très souvent pour conséquence la formation de poils sous peau, de boutons, de réactions cutanées excessives. Et quand je lis des publications qui disent « quand j’épile des hommes, ils ont presque toujours des boutons » et que la réponse donnée est : « c’est normal parce qu’il est certain que les hommes sont moins propres que les femmes ! » ça me fait bondir. J’épile des hommes depuis presque un demi-siècle et les boutons ne sont heureusement qu’accidentels et non une généralité et mes clients ne sont pas plus sales que mes clientes ! Mais quand j’épile, je suis le protocole enseigné et évite de faire n’importe quoi comme je le vois trop souvent. Un nouveau client me disait dernièrement : « à quoi ça sert tout ce tralala ? Moi, où j’allais, elle me mettait la cire et arrachait mes poils. Elle ne m’a jamais fait autre chose ». Donc la personne n’était pas désinfectée, pas talquée, aucun produit post épilation… Quand il est revenu le mois suivant il m’a dit « c’est la première fois que je n’ai pas de boutons après l’épilation ». Il a compris à quoi servait tout ce « tralala » …. Et je ne parle pas de celles « qui désinfectent au talc ! »

On peut changer les cires, leur texture, leur parfum, les produits post-épilation….mais, tout de même, avant le « rituel » il faut penser aux fondamentaux.

Il en est de même pour le massage. Les cours d’anatomie ne sont pas donnés pour occuper le temps et justifier les années d’étude ! Il faut savoir sur quoi on travaille, à quel niveau de profondeur se situent la circulation lymphatique, la circulation veineuse, l’aponévrose, le muscle… La circulation lymphatique et la circulation veineuse ne sont ni au même niveau ni dans les mêmes directions donc dire qu’on fait en même temps les deux (comme par exemple quand on utilise un appareil de pressothérapie), est un contresens anatomique et physiologique. Les deux n’ont pas la même fonction physiologique et même s’il est évident que travailler sur l’une a une action indirecte sur l’autre, ce n’est pas du tout la même chose.

Je me suis amusé, avec l’aide des participantes au forum, à compter le nombre de massages différents proposés dans les instituts : on dépassait la cinquantaine ! Souvent, ces « rituels » sont enseignés sur un week-end et ne se différencient des autres que par l’huile utilisée, le parfum d’ambiance dans la pièce et la musique d’accompagnement. Quoi qu’on fasse, on a un corps sous les mains, un but à atteindre et deux mains pour le faire. En partant de ces bases, on peut broder, gesticuler, masser sur table ou au sol, se mettre un paréo ou un tutu…. Mais si on ne connait pas l’anatomie, la physiologie, la mécanique du mouvement, les chaînes musculaires et aponévrotiques, on restera malheureusement trop souvent dans la médiocrité. N’importe qui est capable de masser dans la mesure où on aime toucher les gens et, de plus, les clients et clientes qui viennent aiment tous être touchés. Mais si on en reste là, pourquoi aller chez un soit disant professionnel ? Bon, disons qu’avec le temps, l’habitude, tout le monde s’améliore mais il est quand même préférable de savoir ce qu’on fait, pourquoi on le fait, sur quel organe on travaille et les résultats qu’on peut espérer obtenir.

Il y a tout un vocabulaire qui cache souvent l’incapacité de la personne qui masse à expliquer ce qu’elle fait : quand on ne sait plus quoi dire on parle de fluides, d’énergie, de magnétisme…. C’était encore recevable il y a un demi-siècle mais maintenant on en sait assez pour donner des explications sérieuses et ne pas en rester au niveau de Diafoirus dans le « malade imaginaire » de Molière !

Des amis enseignants m’ont expliqué qu’ils ne pouvaient pas sortir de ces approximations parce que les études d’esthétique ne permettaient pas de comprendre tout ça. C’est un peu le serpent qui se mord la queue. Ou on admet que les études ne sont pas assez poussées en anatomie, physiologie….et on en reste aux massages de base, soit on essaye de progresser en approfondissant et en élevant le niveau des formations ! Il est évident qu’enseigner le drainage lymphatique à un kiné qui a fait quatre ans d’études après le bac n’est pas la même chose que d’enseigner le drainage lymphatique esthétique à une esthéticienne….surtout quand il faut que ce soit fait en 16 heures comme on me l’a demandé alors que je le faisais en 40 heures aux kinés. Mais qu’on précise bien alors à l’esthéticienne les limites de sa prestation et ce qu’elle peut en attendre !

Les techniques, les connaissances, les soins ont beaucoup évolués en trente ans, on a l’impression que l’enseignement n’a pas suivi. Il serait temps de relever les manches et de s’y mettre ! Un ou une élève qui sort d’une école devrait avoir des bases solides qui lui permettraient de laisser libre court à sa créativité sans risquer de se décrédibiliser aux yeux de la clientèle en faisant des erreurs grossières et débitant au mieux des platitudes, au pire des idioties. La clientèle qui, grâce à internet, peut avoir accès à des informations nombreuses et de plus en plus souvent fournies par de vrai(e)s professionnel(le)s voit très vite à qui elle a à faire.

Le « rituel » est une excellente chose pour un institut et lui permettre de se démarquer des autres, il permet à l’esthéticien(ne) de laisser libre cours à sa créativité et de mieux laisser s’exprimer sa personnalité mais il ne doit pas être un moyen pour cacher des failles professionnelles souvent dramatiques et une méconnaissance ou un oubli des bases de la profession.

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